Qui êtes-vous ?

lundi 23 avril 2012

Ne vous indignez pas, agissez!

Le livre de Hessel n'aurait pas dû s'intituler Indignez-vous! mais Agissez!

Le commandement de Hessel s'inscrit exactement dans l'air du temps: lutter contre le culte de l'individualisme. Ici, il ne s'agit pas d'un combat entre Davide et Goliath, ni entre le bien et le mal ou toute variante allégorique du genre. Mais d'une lutte permanent contre l'hégémonie individualiste. De sorte que la voie de la répression, de la pauvreté et de la violence reste pleinement ouverte en l'absence d'une collectivité forte et résistante. Ce fléau persiste dans le temps non pas parce que les gens font preuve d'abnégation, de résilience ou de lâcheté, mais bien parce qu'ils se nourrissent d'espoir!

L'espoir! L'espoir d'un monde meilleur est peut-être nécessairement voué à l'échec! Car, une fois que nous avons obtenu ce que nous espérions, que reste-t-il à espérer, sinon d'espérer?

Il arrive parfois qu'à travers ce combat sans fin pour le bien de l'humanité, certaines voix, comme celle d'Hessel, s'élèvent contre toute attente. Un cri de ralliment qui n'en reste souvent qu'à la frontière de l'espoir, et il ne semble y avoir aucune ouverture à ce maux. Sauf l'irrationnel Nietzsche dans sa folie de l'art humain, dit-il «nous avons l'art pour ne pas mourir de la vérité».
Il reste que le livre de Hessel a le mérite du rappel historique du dernier siècle, mais le rappel n'a jamais la portée de l'appel. Vous n'avez qu'à le demander à tous les djihadistes de ce monde...
Bref, ironie du sort, lorsque j'ai acheté Indignez-vous!, j'ai demandé à la commis arborant un petite carré rouge épinglé à son chemisier* si elle en connaissait la portée, et elle m'a rétorquée avec aplomb: «c'est un livre qui fait réfléchir!». À ce moment, je n'ai pu m'empêcher d'esquiver un petit sourire suivi d'un petit rire d'étonnement, regard en coin. 

Étonné de voir, en toute apparence, une militante, au coeur du conflit étudiant, en train de faire le contraire de ce que commande le livre de Hessel: tavailler plutôt que grever! Voilà en quoi cette logique de l'indignation et de l'engagement a ses limites, et voilà pourquoi nous devrions être portés à croire que notre monde manque de désespoir.

*symbole des grévistes étudiants actuels au Québec, lesquels revendiquent la gratuité scolaire!

vendredi 13 avril 2012

L'optimiste de Jean François Lisée!

À certain égard, le livre de Lisée tente d'atténuer le pessimiste ambiant de la société québécoise. La plus grosse faiblesse de ses arguments repose sur le choix de certaines statistiques. Parfois, elles sont exhaustives, parfois ciblées! Et, même s'il va de soi que les faits peuvent être criants de vérité lorsqu'ils sont bien appuyés par une statistique significative, n'y a-t-il pas lieu de s'interroger sur leur choix? Certains diront qu'il s'agit simplement d'une question de perspective.

Bref, laissons cette rhétorique aux relativistes pour s'attaquer plutôt à l'objectif même du livre: être plus optimiste quant au Québec! Sous l'angle d'un débat droite-gauche ambiant, Lisée nous offre de bonnes raisons d'être plus optimiste, notamment lorsqu'il est question de la dette brute par rapport à la dette nette.

Mais là où il difficile de suivre Lisée dans sa «défense vibrante de la viabilité du Québec», c'est lorsque l'on porte une attention particulière aux 49% d'analphabètes du Québec.

Si on mesure le nombre de milliard injecté dans l'éducation depuis 1964 au Québec proportionnellement au taux d'alphabétisation d'aujourd'hui, il ne s'agit certainement pas d'une réussite enviable. Si pour Lisée ce constat d'échec n'est pas archifaux, qu’a-t-il à être si optimiste pour le Québec?

De tous les temps, seule l'éducation a permis aux sociétés de s'épanouir et de connaître un avenir meilleur. Dans l'état actuel des choses au Québec, il n'est pas étonnant que notre présent soit si médiocre.

mercredi 4 avril 2012